Fond de teint pour mamelle, shampoing brillance pour le poil et lustrant pour la touche finale : au salon de l’agriculture les vaches sont aux petits soins.
Martine Lereste connaît tous les secrets de beauté des stars des concours agricoles, puisqu'elle est esthéticienne pour vaches. Pendant la durée du salon de l'agriculture, elle conseille et aide les éleveurs à préparer leurs plus beaux spécimens qui s'affrontent sur le ring en quête d'une médaille. Le maquillage de vaches est une affaire sérieuse qui répond à des règles précises. "Chaque race est apprêtée de façon particulière afin de mettre en valeur ses caractères fondamentaux : chez une race à viande on mettra en valeur le muscle, chez une laitière ce seront les mamelles", explique Martine Lereste.
Exemple : après un shampoing décapant, une Charolaise ou une Limousine, deux races renommées pour leur viande, auront le poil empesé, frisé, parfois rasé pour accentuer la courbe de la cuisse arrière, la queue brushée et crêpée pour donner du volume. Mais pour Mme Lereste, "la plus spectaculaire" est une laitière, la Prim'holstein. "La note attribuée par les juges du concours repose à 60% sur la mamelle. Il faut donc beaucoup la travailler, la raser de très près pour faire ressortir les veines mammaires et passer du fond de teint qui estompera un peu les défauts".
Reste la démarche de ces reines des rings. "Il y a des écoles d'entraînement pour apprendre aux vaches à marcher", confie la spécialiste. "Quand elle arrive sur le ring, avec ses mamelles gigantesques - car l'éleveur saute volontairement une traite -, la vache doit être une star", dit-elle. Détentrice d'un doctorat en droit rural, Martine Lereste a repris en 1991 la société bretonne Grimaud Gélard, près de Dinan, qui fabriquait du matériel d'élevage, des licols et des longes, en nylon, sangle et cuir, à la façon des bourreliers d'antan. "Il y a quelques années, j'ai remarqué que les éleveurs commençaient à préparer leurs vaches de concours selon des procédés venus des Etats-Unis et du Canada. Mais ils remplaçaient les cosmétiques par des produits ménagers, du 'Pliz' pour faire briller et du 'Mir' pour laver", raconte-t-elle. C'est ainsi qu'est née l'idée d'importer ces cosmétiques des Etats-Unis et de diversifier les activités de la petite entreprise familiale.
A quand une esthéticienne pour Sheep et ses potes ?
